Les nouvelles Folies Françaises ?
Une exposition parcours pas piquée des vers dans le parc de Saint-Germain-en-Laye jusqu’au 14 octobre : 25 artistes revisitent André Le Nôtre (qui aurait eu 400 ans cette année si la vie était moins courte).
Sous le Roi-Soleil (on ne disait pas dictateur éclairé, alors), lui qui vivait aux Tuileries comme son père, a donné aux Jardins à la française une nouvelle manière de les concevoir. » En référence à cette filiation et à l’esprit d’une nature modelée, mais se rebiffant parfois, nous avons voulu réactiver cette histoire à l’occasion de l’année Le Nôtre 2013 », précise Patrick Amine, Commissaire de l’exposition Les Nouvelles folies françaises (New frenchy Folies ?).

Il a sélectionné 25 artistes internationaux connus, mais pas non plus des stars comme à Versailles (cet été c’est l’italien traficoteur d’arbres repeints, Giuseppe Penone, qui s’y colle) pour concevoir des folies moins ordinaires.
Comme s’il se méfiait du genre titanesque et des riches éléphants de l’art contemporain pseudo Povera ? Mfff…
Quoi qu’il en soit, avec ces 2 artistes, les jardins du Domaine s’ouvrent à la création d’oeuvres éphémères (ou pérennisables) et autres sculptures végétales vivantes habillant le parc,
les allées, la grande terrasse, le jardin anglais…
Patrick Amine les aaccompagnés (les artistes, pas les allées) dans leur réflexion depuis août 2012. Il s’agissait parfois de les faire sortir de leur territoire propre pour s’inscrire dans la perspective d’André Le Nôtre. Ce qui semble évident, mais ne le fut pas toujours !
Tour de Parc non exhaustif :
Hervé Di Rosa, fantasque artiste phare de la scène contemporaine, issu de la figuration libre, mais explorant tous les possibles (entre rock, bande dessinée et moderne rococo), livre ici dix sculptures blanches d’acier, dentelles de formes et personnages dont il a le secret :

Jean-Pierre Formica, lui, travaille avec des mannequins pris dans la mousse et fleurissant, à la façon de la Renaissance italienne :
Légende : Vues avec Patrick Amine en visite, juste avant leur installation dans le Parc, ces statues en cours de prise de mousse ont encore plus de charme…
Le célèbre chorégraphe belge Jan Fabre propose Le mur de la montée des anges, une drôle de robe verte en scarabées qui se réfugira en intérieur.
Le public s’immisce dans bien d’autres rêves en mouvement, comme ce lit à baldaquin au centre d’une fontaine, qu’il fallut installer à deux reprises pour qu’il ne se sauve pas :
Légende : En cours d’installation le 25 juin, c’est encore assez unplugged…
Le Baiser : Un couple d’amants enlacés en marbre noir (378 kilos) dans la Chapelle, très beau, qui me sert de support à auto-fiction, pardon :
Douze bambous de 7 mètres, devenus des fleurs miroirs, réfléchissant le jardin,
avec lien via des « QR codes » lisibles par les mobiles.
Et puisqu’il s’agit ici de trajectoires, on ne saurait oublier celle qu’effectuera le drone caméra de Jeremy Lippmann, acteur et réalisateur (notamment pour l’émission Thalassa). Pour les besoins d’un film, son avion sans pilote survola à l’aube Paris, via Les Tuileries d’André (conçues et habitées par Le Nôtre), puis l’Axe royal, jusqu’au Domaine (on imagine les autorisations nécessaires) et une installation formant un immense miroir aérien des jardins.
Ce film aux images étonnantes car prises d’un drone se verra à l’entrée du château (à côté des oeuvres de Jan Fabre, Lee Bae et Wesley Meuris).
Fabrice Langlade, rencontré dans son bel atelier à Montreuil, présentera, lui, sur quatre socles dépourvus de statues, une création baroque pastorale de quatre sculptures blanches s’inspirant de la collection Farnèse et de l’imagerie populaire (fabricelangalade.com).
On abordera aussi la composition d’un jardin chinois : « Dans notre jardin philosophique, odoriférant et médicinal, le basilic vert symbolise le yin, et le basilic pourpre le yang. » Quelques surprises autour d’une rizière sont aussi prévues…
La nuit, pour stimuler l’imagination, toutes les installations seront éclairées. Comme celle de l’artiste belge Bob Verschueren, Le cauchemar de Le Nôtre :
« J’ai pensé au grand nombre de jardiniers à la tâche pour l’entretien des jardins. Cela m’a laissé imaginer qu’une collision frontale entre deux brouettes hantait les nuits d’André Le Nôtre, l’empêchant de dormir… » Le spectre de l’accident du travail (troisième image ci-dessous).
Dans une mise en scène proche des photos de Muybridge (sur la décomposition du mouvement des corps), son installation simule le mouvement et l’explosion de douze brouettes qui s’entrechoquent en un formidable entremêlement de leur contenu.
Pour l’artiste, cette installation « peut tout autant être perçue comme la métaphore de notre société, dans sa course à la productivité ». Folies néo-baroques au menu : Le Nôtre is not dead…
Pratique : En face du RER A St Germain En Laye, une ballade de 3 heures pour découvrir un lieu où trop peu de Parisiens se rendent.. Un parc confidentiel avec vue majestueuse sur Paris et La défense lénifiante, des oeuvres ingénieuses, surprenantes, Le tout à à combiner avec un pic-nic ou apéro entre amis… Puisque le parc en horaires d’été ferme tard.
Exposition « Nouvelles Folies Françaises ». Programme complet et animations
liées sur : Musée archeologienationale du Château et Parc – Jusqu’au 14 octobre – Domaine du Château de Saint-Germain-en-Laye (20 min de Paris) – entrée libre (de 8 h à 18 h, sauf mardi).
Ps : Depuis la fin de l’année, le catalogue est en vente sur le site/sur demande à la librairie du château.