Arômes et vélos alsaciens : que du bon
En cette année de célébrations, rappelons qu’en 1953, Pierre Pflimlin, après quelques années de réflexion sur un signe fort destiné à ré-ancrer l’identité alsacienne du côté français, donnait corps à la première Route des vins.
En 2013, 60e anniversaire oblige, elle vibra d’événements festifs vignerons et culturels, y compris à deux roues. Cette dame fêtant ses noces de diamant reçoit 5 millions de visiteurs annuels sur ses 170 km, de la porte sud du vignoble, à Than, jusqu’à Marlenheim, au nord.
Avec de somptueuses escales entre coteaux, églises de la Route romane, d’un grès jaune aussi lumineux que la robe d’un Gewurztraminer, et caves bien sûr. Chez 1000 vignerons, leurs plus jolis millésimes, avec des événements et des idées d’accords mets et vins.
ll y a aussi une nouvelle Véloroute. Parmi les nombreux itinéraires cyclables, les 99 km de la Route des vins au Ried d’Obernai à Sélestat, en passant par Rosheim, où se trouve la plus ancienne maison (1151) et une belle église romane.
Autre exemple, à mi-chemin entre Strasbourg et Colmar, le territoire Coeur d’Alsace. Une mosaïque de paysages et de 37 communes, du mont Sainte-Odile millénaire, que gravissent les pèlerins, jusqu’au château du Haut-Koenigsbourg.
Les villages sont restés dans leur bain de conte de fées avec maisons colorées à colombages, cigognes, mais sans les sept nains. Comme celui de Kaysersberg, un enchantement, dont la tour domine le vignoble de 33 hectares en grands crus du Clos des Capucins. Géré par les deux soeurs de la famille Faller (www.domaineweinbach.com).
Elles ne font pas partie des 50 femmes du vin unies depuis 2011 au sein du club des « Divines » (lesdivinesdalsace.com), sous la houlette de l’énergique Mélanie Pfister, qui accueillent l’été, en innovant.
Certaines des viticultrices prêtent leurs caveaux à un artiste, d’autres proposent des spectacles ou des lectures de poésie. Des moments rares pendant les soirées d’été, avec un seul mot d’ordre : surprendre.
Leur présidente insiste aussi sur la participation des femmes du vin aux « vendanges touristiques ». Elles permettent de découvrir la vigne et la vinification, tout en partageant quelques heures de la vie d’un domaine.
Autre option possible pour se distraire en famille : le géocache, chasse au trésor et course d’orientation avec GPS, à la découverte de cinq destinations oenotouristiques labellisées « vignoble et découverte ».
En cerise sur le parcours, trois lieux uniques à visiter : un atelier de marqueterie, fournissant des panneaux pour de grands hôtels et restaurants, qui puise ses racines dans l’Art Nouveau. Son exploitant actuel, Jean-Charles Spindler, a évolué vers l’abstraction, parfois japonisante, avec une élégance qui laisse sans voix. Il se trouve à Boersch / Saint-Léonard.
Ensuite, le beau château Renaissance à Kientzheim de l’illustre confrérie vinique Saint-Etienne (www.confrerie-st-etienne.com).
Enfin, la cave monumentale des Hospices Civils (www.vins-des-hospices-de-strasbourg.fr), drôlement abritée sous l’hôpital, à côté du CHU de Strasbourg. Elle cache de précieux alcools dans ses foudres ovales.
L’un est réalimenté en raisin depuis 1472, entretenant ainsi l’illusion moléculaire d’être « le plus vieil alcool du monde ». Il sent très bon. Dans les deux cas, la superbe est là, on se croirait dans un film historique alchimiste.
Mais pas besoin de costumes pour entrer dans les décors alsaciens de Colmar. S’il ne fallait retenir qu’un quartier, ce serait la Petite Venise, traversée par la Lauch, qui irrigue la cité. Elle se réinvente aussi très bien, en procédant à l’extension de son Musée Unterlinden, début 2014. Avec l’objectif de doubler sa fréquentation.
Trois événements :
Grande messe des confréries viniques d’Alsace : cathédrale de Strasbourg, le 28 juillet.
Foire aux vins de Colmar : du 9 au 18 août.
Fêtes des vins et des vendanges : de juin à octobre.
Mon article paru dans Où?