Normandie impressionniste sur l’eau

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Lancé en 2010 par Laurent Fabius, alors président de la Communauté d’agglomération de Rouen, le premier Festival Normandie Impressionniste connut un vif succès
avec 1 million de visiteurs. Cet été, son Conseil scientifique (présidé par l’écrivain Erik Orsenna) lui donne davantage d’ampleur avec 600 projets culturels, festifs et participatifs.

Autant que les kilomètres de côtes maritimes et de rives fluviales de cette région ! Retenez que c’est un festin de manifestations et de toiles jamais vues, car issues de musées et de collections privées du monde entier. Le thème ? L’eau, les reflets, les prismes, les voiliers si chers aux impressionnistes, qui en profitèrent pour opérer leur révolution picturale.

Rappelons que leur mouvement vient de la toile de Claude Monet, Impressions soleil levant, qu’un critique ironique qualifia d’impressionniste… Voici une tentative de tour d’horizon de la Seine au Havre, en passant par l’Orne à Caen, jusqu’à la Manche.

Et le programme 2017 : Normandie-tourisme : agenda

D’abord, les trois expositions phares des villes capitales normandes.
A Caen, « Un été au bord de l’eau » (du 27 avril au 29 septembre), au Musée des beaux-arts dominant joliment la ville. On découvre un florilège de paysages et d’instantanés
de l’époque où les loisirs et l’excursionnisme prirent leur envol de plein air. Avec 80 toiles de Boudin, Seurat, Degas déclinées en quatre thèmes : Sur le sable, Le spectacle de l’eau, Barques et voiles, Au bain. Juste à côté, au château de Caen, le musée de Normandie propose « En couleurs et en lumière », des photographies autochromes couleur (procédé mis au point par les frères Lumière en 1907). Au Havre, le Musée Malraux réunit des oeuvres de Camille Pissarro sur les ports industriels (Dieppe, Rouen, Le Havre). L’artiste, qui séjourna dans cette porte océane durant l’été 1903, a dit combien il s’y était senti bien, donc y peignit beaucoup. S’y s’ajoute entre autres une toile inédite de Raoul Dufy de 1901 (que le musée vient d’acheter après cent dix ans enroulée dans un grenier) mettant en scène une grève des dockers. Elle offre un sombre contraste avec les loisirs bourgeois…
Retour à la lumière à Giverny, berceau de l’impressionnisme,avec cet hommage à Monet d’Hiramatsu Reiji, artiste japonais puisant avec bonheur son inspiration dans « Le Bassin aux Nymphéas » (du 13 juillet au 31 octobre). Giverny Monet © Reiji2

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Et à Rouen, le Musée des beaux-arts présente 170 « Éblouissants
reflets », réunissant pour la première fois des oeuvres de Monet, Renoir, Sisley, Caillebotte et bien d’autres. La salle qui m’a le plus ému de lumières retrouvées est celle des « canotages ». Où Gustave Caillebotte, peintre, mécène, spécialiste et constructeur de voiliers, les peint en connaissance de cause sur plusieurs toiles exquises.
A leurs côtés, des chefs-d’oeuvre de Renoir, Sisley et Monet, dont le commissaire d’exposition souligne à quel point ses dernières toiles (dont l’ensemble des Nymphéas légué à l’Etat, à la façon d’une catharsis), tendent de plus en plus vers l’abstraction pure. Ce qu’on voit bien dans les dernières salles. De sorte que le peintre lui-même, au terme d’une vie de recherches sur l’étang de Giverny, les fleuves, les rivières, qu’il parcourait sur son petit bateau-atelier, « s’y coulera, tel Narcisse dans l’eau…

Puisque ces praticiens de la touche en plein air adoraient peindre sur le vif et le motif, le festival organise de vrais déjeuners sur l’herbe, guinguettes, régates de canots. Tous ces événements sont à chercher sur le site, bien conçu. De Caen jusqu’à la mer, via l’estuaire de l’Orne, la volonté de mettre l’art hors les murs des musées s’exprime sur 15 km
à travers le « Musée éclaté de la presqu’île de Caen » : quinze galeries éphémères disséminées dans le paysage accueillent l’oeuvre d’un artiste contemporain revisitant les fondamentaux.
Et il y a bien d’autres événements. A Trouville-sur-Mer, la photographie retrace l’histoire de la station balnéaire. A Honfleur, le musée Eugène Boudin accueille le thème des « Femmes et la mer »…
Cette deuxième édition du festival s’ouvre aux autres arts : musique, danse, cinéma, théâtre. Et mode avec l’exposition « Impressions Dior ». Au sein de la Villa Les Rhumbs, maison d’enfance de Christian Dior à Granville, elle montre comment
sa haute couture avait partie liée. Un goût d’ailleurs partagé par les successeurs du maître (disparu en 1957), d’Yves Saint Laurent à Raf Simons.

Autre programmation « hors les murs », le festival d’art contemporain « Rouen impressionnée » la transforme jusqu’au 15 septembre en « Génie du lieu, entre fleuve, flux et reflets… » Au programme : arts visuels, performances, colloques, lectures… Il faut s’attendre à de belles surprises sur le pont Boieldieu, l’île Lacroix et la zone portuaire. Enfin, la cathédrale sera parée d’un son et lumière (tous les soirs jusqu’au 15 septembre), tandis que la façade du si proustien Grand Hôtel de Cabourg s’illuminera (tous les dimanches soir de juillet et août) d’images du passé balnéaire.

Renseignements
www.normandie-impressionniste.fr

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