Promenade cannoise épisode I : au Carlton
Cher lecteur, vous comprendrez aisément que ce récit procède par flash-back incessant comme le fux mémoriel.En cette semaine précédant le 66e Festival de Cannes (regardé par un milliardde personnes), on tapissait les marches du Palais du fameux tapis rouge. Les touristes posant devant sont surpris par la petite taille de l’escalier : à peine 24 marches, mais si magnifiées par les mouvements de caméra qu’il semble immense. Le Palais va être restauré durant les étés de 2014 à 2015, il aura un nouvel habillage, il le méritait… Vu de loi, il est assez vilain, daté en tout cas.
Comme un rappel de la grande illusion ?
Plus loin, bras élévateurs et camions s’affairent au montage le long de la Croisette, devant l’un des plus beaux décors cannois : Le Carlton, créé en 1913 par l’Anglais Henri Rhul, fête ses 100 ans.
Son architecte était si amoureux d’une actrice tombeuse d’hommes, la « Belle Otéro », qu’il aurait donné aux deux coupoles du toit la forme de ses seins… Ma foi, d’où viennent alors les coupelles du Négresco, si proches en forme et en intention ?
Entre les deux (seins), 321 chambres et 22 suites (dont les dix du récent septième étage, dit le septième ciel) occupées chaque année par le Festival. L’inspiré – et omnipotent – Gilles Jacob et ses équipes dînent chaque soir après projection dans les salles de gala, à gauche de la réception, ci-dessous nimbées de rose kitscho-bavarois, avec un soupçon de chantilly Bolywood style :Ci-contre : Mon article en deux doubles, Sean Connery et Uma Thurman dans la seconde plus bas…
Stéphane Fanciulli, concierge de la Maison depuis 1973, n’est pas avare d’anecdotes :
« Quand j’étais groom, j’aidû rattraper dans le lobby les 15 chihuahuas de Gina
Lollobrigida, qui s’étaient échappés d’une immense panière. Je me souviens aussi de Dalí et de sa femme Gala, qui débarquaient d’un paquebot en escale avec des toiles roulées
que le couple montait dans sa suite. »
Il se souvient aussi d’une conférence de presse qui n’eut jamais lieu : « Vers 1992, la sécurité était moins organisée, donc les stars plus accessibles. Stallone et Schwarzenegger furent assaillis par 2500 fans en terrasse du restaurant ! »
Comme
les stars, ce Carlton centenaire se joue des souvenirs. Et se projette dans l’avenir, se fête autour des cinq sens. Bon, j’ajoute les photos prises dans les suites Grace Kelly et Sean Connery…
Aperçu avec le goût : au restaurant, le chef Laurent Bunel fait des merveilles et revisite chaque mois un plat autour du centenaire nimbé d’années folles. Et pour les yeux ? Des paillettes ? Non, des toiles d’artistes locaux sur l’histoire de l’hôtel, un livre du centenaire à venir et une bande dessinée : Il était une fois le Carlton :
Une jeune journaliste y replonge dans les cent ans d’histoire, avec le fantôme d’un amoureux éconduit par… la « Belle Otéro ». Dans le couloir du Grand Salon et de la Côte, une galerie accueille des photographies emblématiques. Si cet établissement de la Croisette incarne depuis 1913 le mythe de Cannes (comme son confrère le Negresco celui de Nice), il a d’autres palmes à son palmarès : raffinement, élégance. En cette semaine sur les murs de l’hôtel trônent des affiches du film d’ouverture du Festival de cinéma :
Leonardo DiCarpaccio, pardon Caprio en Gatsby le Magnifique, dans un remake 3D pas impérissable (du film avec Robert Redford en 1973) projeté en ouverture, en sa présence.
Un mythe entretenant la munificence de l’hôtel où, en 2012, un admirateur de l’actrice Diane Kruger lui expédia 1000 roses : le lobby ne pouvait les contenir toutes !
J’y songe sur le balcon de ma chambre 635, petite, ma con vista, avec vue sur mer, Estérel et ponton privé. Où les clients réservent tôt leur transat.
Ce panorama est un tremplin pour découvrir d’autres décors de la Côte d’Azur où, comme par hasard, le fil conducteur de l’année est : « comme un décor de cinéma ».
Une vingtaine de parcours thématiques sont proposés (lieux de tournage résidence des acteurs). A l’extérieur de Cannes, on visitera la villa Domergue, qui fut celle de Jean-Baptiste, peintre, amoureux fou de la vie et des fêtes.
Il conçut l’affiche du premier festival (annulé en 1939). Les jurés et le président (Steven Spielberg en 2013, Jane Campion en 2014) y délibèrent le dernier jour du festival…
D’ailleurs, dans une veine très hollywoodienne, la ville de Cannes vient d’annoncer une Cité du cinéma (de 24 000 m2) qui verra le jour en 2016.
Et Monaco planche toujours sur son projet d’extension en presqu’île artificielle de 5 à 15 hectares. Car l’argent coule moins qu’au temps où une Faye Dunaway, en son écrin carltonien, ne prenait que des bains de lait de chèvre. Mais Gastby est toujours là, au moins en esprit. D’ailleurs, Woody Allen tourna sur la Côte à l’été 2013 un film d’époque années 1920… Le titre et le scénario restèrent jusqu’au bout des secrets bien gardés…
A reblogué ceci sur Parallèles Potentielset a ajouté:
Un peu de soleil glamour au Carlton cannois
… nous remettra du bleu dans les yeux…
Certes, certains vieux de la vieille vous diront que « Le festival, n’est plus ce qu’il était ». Mais qu’était-il ?
Je reviens de quelques jours bleu gris entre
Nice (le merveilleux musée Matisse en haut a côté de l’arène gallo-romaine et du Régina où se trouvait l’atelier du peintre)
la Villa Masséna (le long de la « Prom »des Anglais, comme on dit ici) du général de Bonaparte. Il était niçois, Masséna, un fier général et un sacré forban, qui s’est monstrueusement enrichi en Espagne sur le dos de l’autochtone.
Cannes la Bocca, où j’ai fait deux fois la randonnée collinaire vers le Parc naturel de la Croix des Gardes). Somptueuse vue d’en haut sur la baie de Cannes.
Monaco (ne pas rater la relève des gardes chaque jour à 11:55 devant le Palais des Princes)
Saint Paul de Vence ( une si jolie arrivée en montant vers le village si joliment muséifié, voire un peu vitrifié. Le vieux 🐈 mascotte qui était a l’entrée a cassé sa pipe).
Je vous le dit, la Saga du Carlton vaut une autre promenade… à lire ci-dessous !
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