A l’occasion de la sortie de Twhe Walk, où il se fait les Lost twin towers de NYC, ce beau portrait d’une de mes figures de proue : Alain Robert, le mythique grimpeur de tours, homme araignée qui dit vouloir « vivre plutôt que survivre ».
En l’occurrence, en longeant à la verticale les bureaux, plutôt que de travailler dedans… in situ à La Défense. Et le 20 mars 2014, l‘Alain-araignée s’est enfin fait la Total !
Total Khéops ! Notre demi-dieu égyptien vivant préféré à mains nues a encore frappé, dans le passé, la (tour) Total(e) lui avait résisté… Pourvu qu’il renaisse toujours de ses cendres tel un Phénix Robert héros…
Alain Robert comme seule rédemption/antidote aux abysses de la finance Pac-Man ? Qui dessinera ce personnage rêvé par une époque sans héros ?
Ecrivais-je en 2013. Ben… c’était du gâteau pour Hollywood à la recherche dd’une mythification des Twin towers perdues, qu’Alain Roibert se fit en 1976…
Robert Zemeckis, ou plutôt ses scénaristes, en a fait The Walk, sorti fin 2015 en France : un biopic larger than life… Qui ne va pas aussi loin que mes aspirations ci-dessus énumérées !
Le pitch : « En 1974, Philippe Petit, un funambule français, caresse le rêve de traverser, sur son fil de fer, le vide entre les tours du World Trade Center. Toutefois, le projet est illégal. Pour défier les autorités, Petit fait appel à un groupe de jeunes recrues… »
Flash back
Alain Robert, plus connu sous le surnom de «l’homme-araignée», autrement dit «le spiderman français» s’attaquait récemment à un nouveau défi : la tour Total à La Défense.
Comme d’habitude, le nom du gratte-ciel avait été tenu secret par le plus célèbre monte-en-l’air de France, qui escalade à mains nues et sans corde les monuments les plus vertigineux, au nez et à la barbe des autorités.
« Je n’ai pas envie de me faire emmerder par la police… La police, c’est sympa, mais faut pas trop les titiller», expliquait le quinquagénaire au micro d’Europe 1 ce jeudi matin.
Alain Robert avait déjà tenté d’escalader la tour Total par le passé mais en avait été empêché in extremis. La Défense n’est d’ailleurs pas une terre inconnue pour lui puisqu’il en était ce matin, de son propre aveu, à sa 17e opération dans le quartier d’affaires des Hauts-de-Seine.
L’opération a débuté à 10 heures ce jeudi. Alain Robert, seulement équipé de sparadrap aux mains, avait choisi de commencer son ascension par une façade difficile d’accès de la tour, histoire de ne pas être «dérangé » trop tôt par les forces de l’ordre.
Le grimpeur compulsif a mis une heure pour arriver au sommet (environ 180 m) et tutoyer le logo Total. Il a grimpé jusque là en colimaçon, c’est à dire en tournant autour de l’édifice, à main nues.
A mi-parcours, il a fait une pause sur une terrasse. Mais les policiers et les pompiers arrivés dans la foulée n’ont pas réussi à l’empêcher de poursuivre son ascension. Une fois sa mission accomplie, Alain Robert est reparti encadré par des policiers. Il n’a pas été conduit au poste mais seulement éloigné, la direction de Total ne souhaitant pas, selon nos informations, qu’il se fasse photographier au pied de l’immeuble.
Ce matin, ils étaient une centaines de curieux à assister à «l’exploit» au pied de la tour.
«Pour moi, l’escalade doit rester quelque chose d’exigeant où il ne faut pas faire d’erreur. C’est ce qui est sympa dans l’escalade en solo intégral», a expliqué ce matin Alain Robert sur Europe 1, peu avant d’entreprendre son ascension. Malgré une solide expérience, le grimpeur compulsif avoue être habité par la peur : «J’ai peur car je suis un mec normal, donc je ressens la peur comme n’importe quel autre être humain. Mais quand je grimpe, par contre, je sais mettre mes peurs de côté». (source : LeParisien.fr)
Refain :
« Alain Robert contre tout chacal, l’aventurier contre tout tradier ! »
Son challenge opérationnel d’ici à 2044 ? Parvenir à répartir à mains nues de façon – euh, équitable – les 80 % des richesses mondiales détenues par 5 % de la population pour sauver le monde des multinatvampires du Cac 40 ?
NB : Pastiche fictif de Bob Morane l’aventurier (nda : chanson d’Indochine, il semblerait qu’il n’y ait pas encore prescription):
Il est l’une de mes figures nietzchéennes de prédilection, d’un Eldorado capitaliste naïf, personnage d’opéra silencieux, surhomme sponsorisé des sommets, wanderer (randonneur) façon
Kaspar David Dietrich matriciel reloaded 2014/44
Mais revisité, pour ne dire ni remixé ni broyé, en icône du contemporain vertical, d’un marketing paradoxal,
en redresseur de tours,
en ange urbain flirtant avec le danger, au sommet des gigantesques phallus geosuprêmatistes, plutôt que des montagnes alpines. Dégustez, mes chers contemporains, ce petit don arachnéen du lundi matin :
Alain Robert : « J’habite à Pézenas mais je fréquente régulièrement La Défense, ne serait-ce que pour faire le repérage des tours que je compte escalader. Le quartier est extrêmement bien agencé et on y trouve de nombreux espaces verts. J’aime beaucoup m’y balader. Dès que je me rends à Paris, je viens me ressourcer à La Défense, à l’inverse de la plupart des
salariés, qui quittent les lieux dès la journée de travail terminée.
Pour un grimpeur comme moi, le quartier d’affaires est un immense terrain de jeu ! Je suis content qu’il continue de faire des petits, de bâtir de nouveaux édifices. J’attends d’ailleurs
avec impatience 2017 et la construction ici de la tour Phare, la plus haute de France.
Mes escalades urbaines ne visent pas seulement la performance sportive. C’est avant
tout un moyen d’aller à la rencontre du public, de donner de la motivation et du courage
aux nombreux salariés de ce quartier d’affaires. C’est une manière pour moi de leur
délivrer le message dont j’ai fait ma devise : vivre plutôt que survivre.»
(propos recueillis, sans petite cuillère, pour Defacto 17, le mag de La Défense, par Jérôme Guedj. J’avais interviewé André Giraud, dit Moebius, Jérôme a eu Alain Robert, cela ne tînt hélas pas qu’à un fil ! )
L’avant-dernier exploit d’Alain Robert ?
Avoir gravi, le 10 mai 2012, les 231 mètres de la tour First à La Défense. A mains nues et en « solo intégral », c’est-à-dire sans aucune assistance ni corde de sécurité, ce grimpeur de l’extrême s’était donné 1 h 15 pour gravir les 231 mètres de l’édifice. Pari réussi, et avec la manière : l’ascension de la façade a été réalisée en moins d’une heure. « J’ai toujours peur, mais c’est une peur maîtrisée« ,a-t-il confié à un journaliste de l’AFP après sa performance.
Né en 1962, le « Spiderman français » s’est spécialisé dans l’ascension de gratte-ciel à mains nues, sans aucun matériel d’assurance. Malgré son invalidité estimée à 66 % (liée à l’oreille interne), il a déjà vaincu plusieurs sommets défensiens : la Grande Arche, les tours Gan, Franklin, Total, Areva, Ariane, GDF-Suez, CB21, Aquitaine, et donc First. Reconnu comme étant le meilleur grimpeur au monde, il reçoit en 1993 le « prix de la performance sportive » du Comité olympique international. En 2009, le documentaire « La Légende de l’homme araignée » retraçait le parcours de celui qui assure être sujet au vertige…
Sa passion commence en fait assez tôt. A 11 ans, lorsqu’en rentrant chez lui, il s’aperçoit qu’il a oublié ses clés, les 7 étages du bâtiment où habitaient ses parents ne l’effrayent pas et c’est tout naturellement qu’il se met à escalader la façade. Il s’amuse même en racontant cette anecdote : « En fait, il y avait un terrain de prédilection, le bâtiment en question s’appelait l’Oisans et chaque cage d’escalier portait le nom d’une montagne mythique du massif de l’Oisans ! En l’occurrence, celle de mes parents s’appelait « l’aile froide. »
Depuis cet épisode l’amour de la grimpe ne l’a jamais quitté. Pourtant, il y a 35 ans, l’escalade n’existait pas vraiment en tant que sport, il n’y avait qu’une petite poignée de pratiquants, et «ce n’était pas quelque chose d’envisageable pour la génération de mes parents », explique Alain Robert qui dévoile une autre source d’inspiration pour cette passion: la découverte du film inspiré du roman d’Henri Troyat « la Neige en deuil ».
Quand on lui parle de ce type d’escalade, Alain Robert la resitue sans cesse dans le contexte des années 70/80. A ce moment là explique-t-il : » L’escalade était quelque chose qui se pratiquait en solitaire ! Quelque chose d’engagé, d’exigeant, avec une notion de risque et de mort. Maintenant, ce sport ne véhicule plus véritablement ces valeurs, du fait de l’équipement, d’une plus grande sécurité. Pour ma première escalade, je n’étais pas équipé, mon premier point d’ancrage était à 10/15 mètres du départ, le second était loin et mal équipé…l’optique était différente… »
Le seul talent qu’Alain Robert veuille bien s’accorder, c’est la motivation. Quand il était enfant, il avait peur du vide, rien ne le prédisposait à être un grimpeur. « J’ai du faire un gros travail sur moi.»
Depuis 20 ans, Alain Robert escalade en solitaire et ses supports ne sont plus la montagne ou une falaise mais des gratte-ciel…. « Au départ,c’était une simple demande commerciale, qui m’a permis de découvrir mon nouveau terrain de jeux. Au lieu d’ouvrir des voies de plus en plus difficiles, je fais la même chose sur des gratte-ciel. C’est aussi devenu une façon de gagner ma vie, et de passer de la falaise à cette structure ne m’a posé aucun problème, je conçois que tout se fasse, du moment que cela me plaise ».
Alain Robert est conscient de son « statut » quand il a une demande commerciale. « Les gens me considèrent comme un produit, une marchandise », mais il met à profit cette situation pour afficher son combat contre le réchauffement climatique, comme par exemple, à New York en 2008, où il a installé de grandes bannières pour dénoncer les méfaits du réchauffement. Alain Robert foule les métropoles les plus polluées mais, dit- il, « je ne peux pas faire grand-chose non plus, certains me critiquent en disant que je ferais mieux de boycotter l’avion… »
Quand on aborde la question d’une sensation de peur au moment d’escalader les gratte-ciel, Alain Robert est catégorique : « La peur est là avant de grimper. A Paris, à la Tour GDF Suez de 180 mètres, il y avait un vent de plus de 125 km/h au sommet et je m’étais engagé vis-à-vis d’un documentaire et d’un sponsor, et puis j’avais eu droit à une chambre à 1000 euros la nuit, donc tu n’es pas là pour la belle suite mais pour que tu grimpes en dépit des mauvaises conditions, mais je ne suis pas forcé non plus ! . La peur est là avant car on sait que l’on va faire quelque chose de potentiellement mortel. Pendant l’ascension, c’est une question de concentration, et au sommet c’est comme si on recommençait une nouvelle vie. Le temps de l’ascension, je suis entre la vie et la mort et au sommet, je regagne le droit de vivre jusqu’à la prochaine fois ! «
Alain Robert a frôlé la mort à plusieurs reprises. Il a eu sept accidents dont deux sérieux en 1982 et 1993 à chaque fois le pronostic vital a été engagé en raison de chocs violents à la tête. Après une chute de 15 mètres, il est tombé dans le coma, il atterri sur ses poignets qui ont volé en éclat… A l’hôpital, à son réveil, il a réalisé que l’escalade, c’était terminé, le chirurgien de la main était catégorique… Depuis ses accidents, Alain Robert souffre de vertige, mais son mental lui a permis de regrimper malgré tout! Il explique cette force « J’ai construit toute ma vie autour de l’escalade et je n’ai pas voulu changer mon mode de vie … »
Alain Robert relate ensuite ses ascensions, comme celle de la Tour Eiffel en 1996, qu’il qualifie « d’aventure sympathique » pour terminer l’année au sommet. Il faisait – 15 °, il y avait de la glace sur la structure. Lors de cette ascension, il a eu des problèmes avec les personnes de la sécurité et il a même était menacé de mort. Il a été plusieurs fois interpellé à l’issue de ses exploits, car si la plupart de ses prouesses lui sont commandées par des entreprises ou associations, beaucoup d’ascensions sont illégales. Mais, à écouter Alain Robert, « C’est un peu un jeu, celui des gendarmes et des voleurs, dans un monde où l’espace de liberté est moindre et où l’on prône de plus en plus la sécurité . » Il dresse d’ailleurs un peu fièrement son palmarès :
Australie : 4 ascensions illégales et une interdiction de séjour de 10 ans
Chine : 1 ascension illégale et une interdiction de séjour de 5 ans
États-Unis : 12 arrestations, pas d’interdiction de séjour mais la situation est compliquée avec des peines de prison à la clef…
Japon : en 1998, il a été emprisonné 9 jours, puis expulsé, raccompagné à l’aéroport par la police!
Parmi la centaine d’ascensions de gratte-ciel, Alain garde un souvenir particulier : la plus haute tour du monde, la BURJ KHALIFA, qui culmine à 828m soit 200 étages, à Dubaï. Parti à 18 heures, il est arrivé au sommet à minuit, soit 6 heures d’ascension, avec une pause tous les 40 étages ! Un spectacle contemplé par 150 000 personnes.
A son actif, la Tour Taipei 101 à Taiwan : (508 m soit 101 étages) les Twin Towers à New York (527m) les Tours Petronas de Kuala Lumpur(452m), la Sears Tower de Chicago(442m), la tour Jin Mao de Shanghai(421m) et la tour Montparnasse à Paris(209m).
Alain Robert n’a qu’un seul regret : que l’escalade ne soit pas un sport médiatique. « L’escalade plaît aux grimpeurs, c’est tout, pas à un public non averti! Il n’y a pas d’argent en jeu dans ce sport, et donc aucune médiatisation. Personne ne connaît les grands noms de grimpeurs !»
A la question, « vous allez grimper encore longtemps ? » Alain Robert répond tout de go: « J’arrive à rester une 20 vingtaine de minutes au plafond, soit un cumulé de 150 mètres à l’envers. Je pense que je vais pouvoir grimper encore une dizaine d’années! J’ai consacré ma vie à cette passion, donc… »
Source de la seconde partie : http://www.laurencedurand.fr/?p=86