Ici, ma planque explorée un jour, une plaque du bien nommé passage des deux Anges (découlant de la rue Saint-Benoît). Au-dessus, cette traînée orange au bord d’un volet, ce ciel de traîne sans nuage. En dessous, cette bonhomette au pochoir plutôt bonhomme qui va à la longue.
A la longue, le moi, c’est un peu un passage des deux Anges, qui se rêve en avenue et se réveille en impasse : il y a celui qui dérange et celui qui range après le passage du premier, en un perpétuel va et vient. Celui de l’ange rongé et de l’être rangeur.
Je ressentais à priori/pilori ce moi, en tout cas le mien, comme une plutôt mauvaise idée. S’esthétisant elle même tel le réverbère, parfois avec une grâce toute printanière le sauvant de la routine. Un sens de l’exaltation du réel qui empêche que la peinture s’érode de trop au fil existentiel.
Bon an mal an, à l’usage, j’ai appris à en tirer, de ce moi, des profits intérieurs extériorisés plus qu’honorables. Ce qui vaut mieux qu’une hémorragie interne extériorisée, un quintuple pontage, une double rupture d’anévrisme ou une chasse au profil idéal. Ou, pire encore, un manque de conviction d’individu blasé par le commerce du monde et de ses semblables.
Car dans blasé, il y a bla bla, flux sans fin. On se dit souvent lassé par le blabla story tellé du monde, et parfois par le sien. Et pourtant, ce fil intérieur, qu’est-ce qu’on l’aime : on ne saurait s’en passer sans trépasser !