Cocteau au Sud, musée Menton, Villa Santo Sospir tatouée

« Puisque tous ces mystères me dépassent, feignons d’en être l’organisateur. » Cet extrait de sa pièce écrite en 1921, Les mariés de la tour Eiffel, résume bien la fantaisie sans corset, quoique parfois teintée d’un mysticisme à base d’ingrédients mythologiques, de ce dandy démiurge, disparu en 1963, à 74 ans. Inclassable poète, dessinateur et réalisateur (le dernier film de sa trilogie fut Le testament d’Orphée), il refusa farouchement d’appartenir à une école, fût-elle surréaliste. Aujourd’hui, son sillage phosphore de nouveau grâce au musée ouvert fin 2011 à Menton.

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On le sait, la Côte d’Azur fut la toile de fond de nombreux artistes du siècle passé. Vallauris est la ville de Picasso, Nice celle de Matisse, Biot celle de Fernand Léger. Fin 2011, Menton achève de devenir celle de Jean Cocteau, artiste polymorphe qui créa à foison sur la Côte d’Azur, offrant des oeuvres peintes, qu’il disait « tatouées » sur la peau des murs.

Télécharger le pdf : ou13_Menton

Bonus de proximité géographique avec ce sujet :

Délassons-nous maintenant, toujours à  Roquebrune Menton, du côté…

du Cabanon enfin restauré d’un sieur Corbu, qui a rouvert en 2015, après tant de fois où j’étais passé devant : il était alors en déshérence, comme fantôme d’un passé intimiste jusqu’à un matin de baignade fatidique…

ll se trouve sur la falaise rocheuse, 100 mètres en-dessous de la maison de mon oncle/figure du père disparu, reconstituée avec de vrais morceaux d’un amour quasiment filial (Manfred).

Il (le cabanon, pas Manfred) ouvrit en bonne et due forme à partir de mai 2015; de même en 2016. Il est question de le laisser ouvert toute l’année, m’a ton soufflé depuis.

Le Châtelier, critique de Télérama mord son chapô :

bien tape à l’oeil, il insiste en intro de son article au Cabanon dédié sur la bétonisation de la Côte, comme  pour faire plus authentique.

Après, l’article est très instructif, point hâtif.

Cesse d’être tiré par les chevaux du désir éditorialiste.

Le voici :

Du Cabanon à la Villa E 1027

« Sur son rocher isolé au milieu du Sud-Est bétonné, il fréquentait ses amis Eileen Gray, Jean Badovici et… trouva la mort sur la plage en contrebas.

La Côte d’Azur, là-bas entre la vision dantesque de Monaco hérissée sur la mer et les douceurs retraitées de Menton, donne à certains, allez savoir pourquoi, des nostalgies de Bretagne ou d’Ecosse ! Impossible par ici de trouver plus de cent mètres de nature d’un seul tenant, sans maisons, immeubles, marinas les pieds dans l’eau. Sauf qu’en cherchant bien…

Corbu fut de ceux-là, qui se dégotta sur les rochers, à l’écart de la route, en dessous de la voie ferrée qui court le littoral, un petit lopin pour y planter son « château de vacances ». 3,66 m de côté sur 2,66 sous plafond. Une boîte minimum, calculée au Modulor qui fut, en quelque sorte, sa dernière demeure.

© Fondation Le Corbusier, ADAGP, 2015 (gauche) et Photo Olivier Martin-Gambier 2006 © Fondation Le Corbusier, ADAGP 2015

C’est sur la plage en contrebas qu’il est mort d’une crise cardiaque, le 27 août 1965, rendant du même coup célèbre un certain certain Henry Pessar, paparazzo amateur, auteur de l’ultime portrait du maître.

Mais qui est l'homme derrière ?

Mais qui est l’homme derrière ?

Photo Henry Pessar

De fait, Corbu, sur la Riviera, était un peu un squatteur. Notamment chez ses amis architectes et décorateurs (avec qui, comme toujours, il finira par se fâcher) Eileen Gray et Jean Badovici qui, à cet endroit même s’étaient construit la villa E1027 (E pour Eileen, 10, pour le J de Jean, comme 10e lettre de l’alphabet, 2 pour le B de Badovici, 7 pour le G de Gray). Une élégante construction qui respectait peu ou prou les « 5 points de l’architecture moderne » (Pilotis, plan libre, fenêtre en longueur, façade libre, toit terrasse) édictés par maître Corbu.

La villa E1027

La villa E1027

Photo Luc Le Chatelier

Juste derrière, il y avait l’Etoile de mer, le bistrot de Thomas Rebutato, qui, en échange du terrain sur lequel Le Corbusier pu construire son cabanon, lui demandèrent d’installer, sur l’un de leur terrain de boules, cinq « unités de camping » de grandeur conforme : c’est à dire minimum. »

Photo Luc Le Chatelier © Fondation Le Corbusier/ADAGP 2015

Aujourd’hui muséifiés, la Villa E1027, le cabanon et les unités de camping, propriétés du Conservatoire du littoral, sont gérés par l’office du tourisme de Roquebrune-Cap-Martin

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